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Leurs crânes sont des tambours, leurs crânes sont des tambours. Écoutons le son qui en sort. |
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En
avance sur tous ses confrères, Nicole Notat, vous qui avez été très proche dErnest-Antoine Sellières, comment réagissez-vous à sa disparition brutale au large de la Bretagne après que son corps eut été enduit de goudron et de plumes ?
Au nom de la CFDT, je tiens à redire toute ma solidarité avec le Medef,
durement éprouvé par cette terrible perte. Je me demande dans quelle
mesure la nomination annoncée de M. Sellières par Lionel Jospin au poste
de ministre de lEmploi, de la Solidarité et du Travail est sans
rapport avec cet odieux attentat. Lenquête le dira. Comment aviez-vous fait la connaissance dErnest-Antoine Sellières ? Au départ, nos rapports étaient plutôt froids. Souvenez-vous : il y a quelques années encore, la CFDT sobstinait à défendre dabsurdes revendications catégorielles sans se soucier du besoin de compétitivité des entreprises pourtant écrasées de charges. Cest progressivement que nous avons réalisé que lintérêt des salariés était indissociable de celui de leurs employeurs et quune entreprise citoyenne est avant tout une entreprise qui dégage des profits. Sur un plan plus personnel, jai rencontré Ernest-Antoine Sellières en décembre 1995 lors dune garden party organisée par Jacques Attali dans ce climat de grèves un peu oppressant. Eh bien, jai été très surprise de découvrir quil avait un formidable sens de lhumour et que nous étions daccord sur nombre de sujets presque tous en vérité. Vous savez, le patronat est beaucoup plus fun et beaucoup plus social quon ne le dit. Ernest-Antoine est vite devenu pour moi un ami et un camarade. Tout de même, il sest beaucoup opposé aux 35 heures. Pas du tout. Cependant, tout le monde la cru En réalité, Ernest-Antoine a tout de suite été convaincu des bénéfices que les patrons pourraient tirer des 35 heures. Mais, il me la avoué, il lui fallait feindre de protester pour que le gouvernement cède un peu plus et nous permette enfin de remettre en cause une législation sociale paralysante et archaïque. Cest ce qui sest également passé dans le cas de lUnedic et de lallocation chômage ? Non, dans ce cas, lentente était claire entre nous dès le départ. Nous avions rédigé le protocole daccord ensemble dans un petit restaurant de la rive gauche réputé pour son carpaccio avec nos amis Dominique Strauss-Kahn, Daniel Cohn-Bendit et Denis Kessler. Que voulez-vous, un pays moderne ne peut pas se permettre dengraisser indéfiniment une armée pléthorique dassistés. Et ça, Tony Blair et Bill Clinton lont bien compris. Mais vous navez jamais craint de mécontenter la gauche ? Mais enfin Bill et Tony sont de gauche ! Et je peux bien vous en faire la confidence à présent : Ernest-Antoine létait aussi. Mais il avait promis à son ami Lionel Jospin (ils se tutoyaient et ils avaient fait lENA ensemble) de ne jamais le dire pour nembarrasser ni lun ni lautre. Au fond, cette perte est terrible pour toute la gauche. FO et la CGT viennent dannoncer quen hommage à Ernest-Antoine Sellières, ils accepteraient la réforme de lUnedic. Ils restent néanmoins opposés à la systématisation des CDD dune journée que vous défendez. Quen pensez-vous ? Une telle obstination conservatrice est vraiment navrante. Vous savez, léconomie ne fonctionne plus avec limpôt sur les fortunes, la collectivisation des terres et les plans quinquennaux ! Si vous ne la laissez pas respirer, elle étouffera. Déjà, la France a pris du retard, beaucoup de retard. À Singapour, par exemple, ils viennent dinstaurer les CDD dune heure. Résultat : leur économie décolle. Un syndicat défend les intérêts des salariés, pas les vieilles breloques dune idéologie dépassée de lutte des classes. Cest à cette refondation culturelle que semploie la CFDT. Et ce nest pas toujours facile. En un sens, honorer la mémoire dErnest-Antoine Sellières nous incitera à faire preuve de davantage daudace et de courage. On est loin de lesprit de Lip ! Ces montres ne marchaient jamais bien, vous le savez autant que moi.
En
avance sur tous ses confrères, Votre entreprise, les parfums Caron, vient dêtre la cible dun attentat revendiqué par un commando Ravachol. Certains disent que nous lavons cherché », dites-le ! Une telle imputation est odieuse. Ce nest pas parce que notre dernier parfum sappelait « LAnarchiste » que nous devions sauter ! Prétendre cela, cest ne rien comprendre ni à lanarchie ni à la dimension ludique et subversive de la publicité. Mais votre publicité montrait une allumette enflammée. Ça na rien à voir ! La bouteille du parfum était noire et Jacques Séguela nous avait conseillé (au prix fort, car Dieu sait quil est cher ) le slogan : « Cest dans le noir que se reconnaît lanarchiste ». Croire quun tel choix de coloris avait un rapport avec la politique est ne rien comprendre au fonctionnement dune économie moderne. Alors, allez-vous relancer la production de ce parfum ? Je
suis un peu triste : je croyais que les anarchistes me seraient reconnaissants
de diffuser leur image de marque dans la presse, et sans leur réclamer
un centime. Mes amis les journalistes du Monde lavaient
bien compris : un article intitulé « Les anarchistes se réjouissent
du progrès des idées libertaires » commençait ainsi : « Un
tout nouveau parfum baptisé "LAnarchiste". Pour les
deux organisations politiques libertaires, cest un signe des temps »
(14 juin 2000). Or vous voyez le résultat
Tant pis pour les anars ! Mais
je suis bien déçu. En tout cas, cest décidé : mon prochain parfum
sappellera « Le Socialiste ». Comme ça nous ne courrons
plus aucun risque. |
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