|
Désormais,
Christophe Aguiton ne cesse d’afficher son sourire de curé. Son
militantisme à AC !, SUD et Attac a constitué le tremplin
d’un rêve d’enfant : gravir régulièrement le perron
de Matignon. Dès le mois de mai 2001, ce fut chose faite. Christophe
fut reçu à deux reprises par Olivier Schrameck, directeur de cabinet
de Lionel Jospin, qui aurait même envisagé de faire dresser un
lit de camp dans le vestibule pour son nouveau pensionnaire. L’« expert »
de l’antimondialisation a aussi rencontré les sociaux-renégats
qui, autour de Martine Aubry, préparent le programme de campagne
du candidat « socialiste » à l’Elysée. (QVM,
24.05.01) Pour le P« S », sous couvert de s’informer
et de créer des liens avec la gauche radicale, il s’agissait évidemment
de favoriser des reports de voix lucratifs au second tour de l’élection
présidentielle. Bien sûr, la gauche plurielle a davantage privatisé
et précarisé que Balladur et Juppé réunis ; bien sûr,
elle a fait barrage à la taxe Tobin ; bien sûr, elle
a permis au patron Bernard Arnault de gagner chaque heure l’équivalent
de 64 années de rémunération d’un smicard ; bien sûr,
elle a matraqué les chômeurs en lutte ; bien sûr, elle
a expulsé les sans-papiers… Rien de tout cela ne devait néanmoins
empêcher de savoureux « déjeuners décontractés »
(sic) entre cette gauche-là et l’un de ceux que les médias
ont consacrés représentants de la contestation.
Pour
qu’Aguiton gravisse le perron de Matignon, il aura en effet fallu
l’intervention du Monde, que dirige Edwy Plenel, directeur
général adjoint du Monde SA, Roi du téléachat et excellent ami
de Christophe. C’est en effet une journaliste du Monde
qui, convoquée par Matignon pour informer le pouvoir de l’état
des luttes, aurait, en mai dernier, recommandé à Schrameck de
rencontrer Aguiton, jugé le plus malléable. Malléable ? « Un
cadre de France Télécom se remémore ainsi les rencontres entre
Michel Bon, le patron, et Christophe Aguiton, de SUD-PTT : “Une
vraie discussion de gentlemen, à la limite de l’obséquiosité.” »
(L’Expansion, 10.05.01)
Si
Aguiton aime Matignon et deviser avec Michel Bon, il adore la
télévision. Dimanche 27 mai 2001, ses amis ne savaient plus où
donner de la télécommande. À 23 heures 50, sur France 3,
Christophe souriait à Alain (Madelin) dans l’émission de Christine
(Ockrent) et de Serge (July). À 0 h 15, il s’épanouissait
sur La Chaîne Info dans le talk-show mondain animé par Edwy (Plenel),
qui lui a balisé le chemin menant de la LCR à LCI.
Consulté
à tout propos par Le Monde (09.05.01) et Libération
(19.03.01) depuis qu’il a bâclé entre deux avions un énième livre
de compilation sur l’antimondialisation, Aguiton s’affale aux
Deux-magots, café chic de Saint-Germain-des-Prés, dans le rôle
de caution contestataire de l’idéologie dominante.
|
|
|
C’est à ce titre de mouche du coche qu’en mai dernier il collaborait
à un livre célébrant le virage néolibéral de la gauche sous Mitterrand
(Vingt ans de pouvoir, Seuil). Les autres « experts
et grands témoins » interrogés se nommaient Jacques Attali,
Alain Duhamel, François Ewald, Jean Peyrelevade, Françoise Giroud,
Serge July, Bernard-Henri Lévy, Alain Minc, Nicole Notat, Pierre
Rosanvallon, Alain Touraine, etc. Sans oublier… le Roi du téléachat.
Christophe
se prépare à plastronner du 23 au 27 juillet à Montpellier lors
des Rencontres de Pétrarque organisées par France Culture et Le
Monde. À nouveau, il sera bien entouré : Alain-Gérard
Slama, Alain Finkielkraut, Jean-Claude Casanova… et Edwy Plenel,
Roi du téléachat. Dans un « atelier », Aguiton philosophera
sur les « médias qui prennent une importance croissante
et qui tendent à imposer leur propre idée de l’opinion ».
Et il répondra à la question : « Cette médiatisation
est-elle dangereuse ? »
Torride,
le suspense va-t-il distraire les entarteurs de leur mission pâtissière ?
|
|